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Amis du Djurdjura - ⵉⵎⴻⴷⴷⵓⴽⴰⵍ ⵏ ⵊⴻⵕⵊⴻⵕ

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L'homme fait-il partie de la Nature ou bien en est-il le Maître?


Ifri l'Hemam, Aït Boumehdi

Publié par ADD sur 15 Février 2024, 18:26pm

Catégories : #Eau

    Les problématiques liées à l'eau sont une donnée permanente et universelle à notre époque. Pourtant l'eau est la ressource naturelle la plus abondante sur la terre, mais mal répartie et peu respectée, elle est devenue rare, même très rare, dans certaines régions du monde.

     Le massif du Djurdjura constitue, pour la région et le pays un immense château d'eau naturel, dont l'équilibre est très fragile. La moindre petite source est très importante pour les êtres vivants et l'environnement, de ce fait, elle doit être préservée.  

     Les mythes et les légendes nous apprennent que des génies, gardiens de la nature, sommeillent dans chaque cours d'eau, chaque arbre, chaque endroit et en chaque animal sauvage. La malédiction s'abat sur tous ceux qui souillent une source, un cours d'eau, ou détruisent la nature. Peut être devrions nous méditer et réhabiliter « les chartes » de préservation de l'environnement, qu'ont instaurées les anciens ?

Ifri-l-Hemmam.jpg        

Dans le village d'Aït Boumehdi, à six cents mètres d'altitude, au pied de la main du juif « Thaletat » dans le Djurdjura, coule une fontaine appelée Thala l'hemam. C'est une source importante qui coule depuis des temps immémoriaux, (elle pourrait même être une des raisons de l'implantation du village). Captée bien avant 1945 puis réaménagée en 1976, cette source alimente le château d'eau de Ouacif d'une capacité de 500 mètres cubes et la fontaine du village, qui continue traditionnellement à servir la population.

   A l'initiative d'un responsable des services des eaux de Tizi-Ouzou, accompagné d'un hydrogéologue de l'université Mouloud Mammeri, membre du SCAY (Spéléologie Club Ath Yenni), une équipe est composée pour l'exploration de la source située dans une grotte du même nom à une vingtaine de mètres en amont.

 Travaux à effectuer dans Ifri l'Hemam:

- Nettoyage de la grotte et désobstructions des passages.

- Etablir une topographie de la grotte.

- Vérifier le débit de la source et son évolution dans le temps.

- Effectuer toutes opérations nécessaires à l'améliorer du débit et réduire les pertes possibles.

    Comme la plupart des nombreuses grottes du Djurdjura, la formation d'Ifri l'Hemam remonte au début du quaternaire, l'action dissolvante des eaux souterraines était l'une des causes de sa formation qui a duré plusieurs milliers d'années.

Après avoir enfilé nos équipements, nous nous sommes engagés dans la grotte par l'entrée ouest; au plafond très bas en certains endroits, en rampant sur les dépôts argileux humides. Cette partie de la grotte était un réseau actif fossilisé, comme en témoigne le charriage important d'argile et d'agrégats, qui ont colmaté les passages d'eau et ont détourné son cours vers de ténébreuses cachettes. Seul un petit filet d'eau traverse le coin de la salle de l'échelle (nous avons égaré une échelle en aluminium de 10 mètres à l'intérieur), autre témoin de l'activité ancienne du réseau. A quelques mètres de l'entrée à droit, on distingue une grosse stalactite étêtée, d'une trentaine de centimètres de diamètres, transformée en colonne penchée, qui résulte d'un déplacement horizontal probable du plafond, sur une cinquantaine de centimètres environ. Ce déplacement est le résultat probable d'un glissement de terrain ou d'un tremblement de terre aux temps les plus reculés. Aucune issue de ce coté, nous faisons marche arrière, pour nous diriger vers la partie Est de la grotte, plus petite et plus étroite encore.

Au niveau de la seconde entrée une quantité importante de blocs de pierre gênent le passage, après avoir dégagé le tunnel, on aboutit à une petite salle en forme de poche, traversée par un petit ruisseau encombré de pierres lui aussi. L'évacuation des blocs imposants qui a durée des heures a permis au petit ruisseau de s'écoule désormais sur un lit sablonneux, propre et sans obstacle. L'accès à la dernière salle se fait à plat ventre par une étroite fente faite par l'eau, inévitablement un bain forcé pour chacun, on nomme donc cet endroit « salle des bains ». Apres avoir évacué les derniers blocs de pierre nous nous sommes engouffrés à cinq dans cette petite salle pour effectuer le teste à la fluorescéine et d'autres mesures. Un grand bloc, d'une demi tonne environ est le dernier obstacle de la partie visible du cours d'eau, qui marque aussi la fin de la progression dans cette grotte. Il serait utile de revenir avec plus de moyens pour, au moins, déplacer ce grand obstacle.

Le nettoyage du cours d'eau, avant le captage, a certainement réduit mais pas supprimé les pertes de débit estimées à deux ou trois litres seconde, sûrement à cause de la perméabilité du lit et par les obstacles en amont du grand bloc.

Le débit intérieur est d'un peu plus de six litres seconde, mesuré avec des moyens rudimentaires. De sa source, à l'intérieur de la grotte, l'eau met cinquante trois secondes pour arriver à la fontaine.

Mesures en litres/seconde, effectuées en différentes périodes.

 

Mois   Années  Débits en litre par seconde

Avril   1948      12.63

Août   1948       3.80

Sept    1948       4.15

Août   1950       4.83

Août   1974       4.21

Sept.   1990       4.27

Nov.   1990       5.00

 
               

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